• Glossaire

    Nous avons développé un glossaire pratique pour comprendre les termes utilisés en pathologie vertébrale.
    Le cadre nosologique des pathologies ne peut être exploré ici que partiellement. La diversité des expressions cliniques et de leur retentissement individuel expliquent les grandes variations d’un individu à l’autre.

    Antélisthésis, Rétrolisthésis
    La vertrèbre la plus caudale (vers les pieds) sert de référentiel pour décrire le listhesis. Ainsi un glissement en avant de L5 sur S1 est appelé aussi un antélisthésis L5-S1. Inversement un glissement en arrière de L5 sur S1 est appelé rétrolisthésis L5-S1.
    Canal lombaire étroit
    Le canal lombaire étroit est une sténose du canal lombaire qui entraine une compression des nerfs issus de la moelle épinière. Il entraine des douleurs lombaires, des douleurs dans les cuisses et les jambes et une gêne à la marche. Le diagnostic n’est pas radiologique, il est clinique.
    Canal rachidien
    Le canal rachidien abrite la moelle épinière qui se termine à hauteur de la 2ème vertèbre lombaire (L2). Au-delà, elle se prolonge uniquement par un ensemble de fibres nerveuses appelé queue de cheval. Celles-ci quittent le canal rachidien sous forme de racines nerveuses par des ouvertures, les trous de conjugaison, situées à hauteur des disques intervertébraux.
    Cervicalgies
    On dénomme cervicalgies les douleurs du rachis cervical. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit de cervicalgies communes dues à une détérioration dégénérative (la cervicarthrose) et/ou un trouble fonctionnel musculo-ligamentaires de la région cervicale.
    Cervicarthrose
    La cervicarthrose anatomique est d’une extrême fréquence : plus de 50 % des individus après quarante ans et elle augmente avec l’âge. Dans plus de la moitié des cas, elle est asymptomatique et cette notion doit être présente à l’esprit pour ne pas imputer la symptomatologie aux anomalies radiographiques.
    Cruralgie
    C’est l’inflammation d’une racine du nerf crural, L2, L3 ou L4.
    Discopathie asymétrique
    C’est la dégénérescence non symétrique du disque intervertébral. Les causes des discopathies asymétriques sont les discopathies destructrices primitives ou secondaires à une discectomie, les scolioses dégénératives mais aussi les spondylolisthésis par lyse isthmique.
    Dans ce contexte de discopathie asymétrique dégénérative, nous pouvons observer chez un patient présentant une radiculalgie, un signal MODIC 1, asymétrique, unilatéral et encadrant un foramen intervertébral réduit en dimension.
    En pratique est alors à privilégier l’usage en première intention d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et de contentions lombaires. Une exploration électrique, des potentiels sensitifs, un test d’infiltration locale peuvent affiner le diagnostic suspecté par la présence du signal MODIC unilatéral.
    Une chirurgie de décompression avec vissage en distraction du côté du signal de MODIC1 unilatéral et éventuellement mise en place de cage de ce même côté sera éventuellement discuté devant l’échec de l’infiltration [E]
    Discopathie modic I

    Il y a 20 ans, Modic et al. [B] diffusaient l’idée d’une classification des modifications des plateaux vertébraux associées à la dégénérescence discale au rachis lombaire :

    • le type 1 – hyposignal T1 (Noir) et hypersignal T2 (Blanc) – correspondant à un œdème (Modic 1) (Fig. 1) ;
    • le type 2 – hypersignal T1 (Blanc) et T2 (Blanc) – correspondant à une involution graisseuse (Modic 2) ;
    • le type 3 – hyposignal T1 (Noir) et T2 (Noir) – correspondant à une ostéo- sclérose (Modic 3) [B].

    Ces modifications peuvent intéresser tout ou partie des plateaux vertébraux adjacents au disque. L’expérience suggère que les patients ayant une discopathie de type Modic 1 connaissent l’acutisation d’une lombalgie chronique. La dicopathie modic 1 peut réveler une discopathie destructrice rapide concomitante. Certaines études ont montré l’intérêt clinique de l’immobilisation lombaire et des anti-inflammatoires non stéroïdiens dans la prise en chage des discopathies Modic 1 [C]. Une étude prospective de 17 patients lombalgiques opérés, ayant une discopathie de type Modic 1 et revus à six mois de l’arthrodèse segmentaire, montre la normalisation du signal Modic IRM dans quatre cas et sa transformation en aspect de type Modic 2 dans 13 cas [D]
    Pour certains, les injections intradiscales de dérivés cortisoniques et l’arthrodèse ne devraient pour l’instant être envisagées que dans un cadre expérimental[A].

    En conclusion : le signal MODIC 1 peut être global, asymétrique, unilatéral et encadrer un foramen intervertébral réduit en dimension. En pratique est alors à privilégier l’usage en première intention d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et de contentions lombaires. Une exploration électrique des potentiels sensitifs, un test d’infiltration locale peuvent affiner le diagnostic suspecté par la présence du signal MODIC unilatéral. Une chirurgie de décompression avec vissage en distraction du côté du signal de MODIC1 unilatéral et éventuellement pose de cage de ce même côté sera proposée devant l’échec de l’infiltration [E]

    A* Beaudreuil J, Orcel P, La discopathie de type Modic 1 Revue du Rhumatisme 76 (2009) 4–6

    B* Modic MT, Steinberg PM, Ross JS, et al. Degenerative disk disease: assessment of changes in vertebral body marrow with MRI. Radiology 1988;166:193–9.

    C* Revel M, Beaudreuil J, Dieudé P, et al. La discopathie destructrice rapide. In: Morvan G, Deburge A, Bard H, Laredo JD, editors. Le rachis dégénératif. Sauramps médical: Montpellier; 1998. p. 279–83.

    D* VIital J.M, Gille O, Pointillart V, Pedram M, Bacon Ph, Razanabola F, Schaelderle C, Azzouz S. The Course of MODIC 1, 6 months after lumbar posterior osteosynthesis. Spine 2003 ; 28 : 715 – 21

    E* VITAL J.M Foramen intervertébral lombaire : anatomie, exploration et pathologie. Cahier d’Enseignement de la SOFCOT. Elsevier, PARIS 2000

    Disques intervertébraux
    Les disques intervertébraux relient les corps vertébraux, assurent la mobilité de la colonne et amortissent les pressions et les chocs. Chacun est constitué d’un anneau fibreux périphérique (annulus) renfermant un noyau central gélatineux (nucléus).
    Foramen
    Le foramen intervertébral lombaire est, par définition, la portion du canal rachidien (foramen vertébral) par laquelle sort le nerf rachidien pour quitter la colonne vertébrale. Cette région est restée longtemps peu accessible aux explorations radiologiques et à la chirurgie décompressive Mac Nab l’a ainsi intitulée «zone cachée », cachée par les éléments de l’arc postérieur (isthme, lame, massif articulaire). Le TDM et surtout L’IRM ont permis d’appréhender la pathologie qui s’y rapporte.
    Hernie discale
    La dégénérescence des disques intervertébraux débute, après une phase de déshydratation asymptomatique, par des déchirures de l’anneau fibreux. Le noyau peut alors migrer dans l’épaisseur de l’anneau, peut faire saillie à la face postérieure du disque en formant alors une Hernie discale. Cette hernie peut migrer dans le canal vertébral et même s’exclure en sortant du disque.
    Isthme vertébral
    Partie qui unit l’articulaire supérieure à l’articulaire inférieure et qui est en continuité avec la lame, le pédicule et la transverse.
    Kyste de Tarlov
    Les kystes méningés (Tarlov et variants) sont des excroissances de l’arachnoïde remplies de liquide céphalo-rachidien, que l’on trouve le plus souvent au niveau sacré. Les kystes méningés, qu’ils soient sacrés, thoraciques, lombaires ou cervicaux peuvent être asymptomatique ou causer un désordre neurologique sérieux appelé maladie de Tarlov.
    Lombalgie
    Les lombalgies communes sont extrêmement fréquentes, 60 % à 90 % de la population adulte en souffre ou en a souffert. La prévalence est maximale entre cinquante-cinq et soixante-cinq ans. Les efforts répétés, les antécédents de traumatisme, les vibrations, le tabagisme, l’alcoolisme, un bas niveau social et d’éducation, l’instabilité familiale et professionnelle, les antécédents de maladies psychosomatiques sont des facteurs favorisants. L’insatisfaction au travail est un facteur essentiel augmentant la fréquence et le risque de chronicité.
    Lombalgie Chronique
    La lombalgie chronique se définit par la persistance de douleurs lombaires invalidantes au-delà de trois mois. Elle est rare (5 %), mais c’est la forme grave de la lombalgie commune du fait de son retentissement socioprofessionnel et économique. Elle survient le plus souvent chez des sujets aux antécédents de lumbago (ou lombosciatique) à répétition, laissant persister une douleur lombaire permanente. Mais elle peut être inaugurale, survenant progressivement sans facteur déclenchant.
    Lumbago
    Le lumbago, ou lombalgie aiguë se caractérise par une douleur lombaire basse, survenant de façon brutale à l’occasion d’un effort, avec sensation de blocage, et s’accompagne d’une impotence fonctionnelle majeure, la douleur parfois intense pouvant n’être soulagée qu’en décubitus.
    Lyse isthmique
    Isthmolyse est une solution de continuité dans l’isthme vertébral.
    Modic
    (classification de) : cf Discopathie modic I
    Myélopathie cervico-arthrosique

    Le terme myélopathie désigne les affections qui concernent la moelle épinière.
    La myélopathie cervicarthrosique correspond à l’irritation de la moelle épinière secondaire au rétrécissement du canal médullaire (canal dans lequel passe la moelle épinière) à l’intérieur de la colonne vertébrale. Ce type de complication de l’arthrose des vertèbres cervicales est à l’origine du rétrécissement touchant globalement le canal médullaire cervical se caractérisant radiologiquement par la saillie en avant des disques intervertébraux ou par la survenue d’ostéophytes (excès de fabrication de tissu osseux). La myélopathie cervicarthrosique peut également être le résultat d’une ossification (minéralisation excessive) du ligament vertébral commun postérieur. En arrière de cette région, mais toujours dans le canal médullaire
    Le patient se plaint alors d’une diminution de sa force musculaire et plus particulièrement des membres inférieurs dont l’installation se fait progressivement et généralement associée à des manifestations secondaires à la compression des racines nerveuses issues de la moelle épinière de la région du cou donnant des névralgies cervico-brachiales.

    Nerf méningé
    Nait en dehors du foramen devant le nerf spinal. À chaque segment, ce nerf est composé par l’union d’une racine somatique provenant du rameau ventral du nerf rachidien et d’un composant autonome provenant des rameaux gris communicants. Le nerf méningé traverse le foramen de façon rétrograde en se plaçant devant le nerf rachidien pour atteindre le canal vertébral où il innerve les ligaments, les vaisseaux adjacents et les méninges. Il participe également à l’innervation de la partie postérieure de l’annulus fibrosus. Ce nerf n’est pas individualisable actuellement en imagerie.
    Névralgie cervico-brachiale
    La névralgie cervico-brachiale (NCB) est l’équivalent d’une sciatique au bras. Le conflit irritant le nerf se situe au niveau d’une vertèbre cervicale au lieu d’une lombaire, et le territoire douloureux des racines nerveuses concernées se fait dans la région de la clavicule, le haut du dos et de la poitrine, et et le bras. Les 6ème, 7ème et 8ème racines sont les plus souvent concernées. C’est au niveau des doigts que l’on identifie le mieux le nerf exactement concerné.

    Comme les autres névralgies, c’est une douleur particulière par son caractère lancinant, les sensations anormales qui l’accompagnent (fourmillements, engourdissements, gonflement, courant électrique), et le fait qu’elle ne soit pas directement influencée par les mouvements du bras: la douleur est quasi-permanente, que vous soyez actif ou pas. Le repos n’est pas efficace. Vous pouvez ressentir des points douloureux plus précis dans le bras qui vous font penser à une tendinite à cet endroit. Ils correspondent aux terminaisons nerveuses les plus irritées. Mais vous avez en fait du mal à localiser une zone bien précise et permanente, les douleurs sont souvent changeantes et migratrices, et vous n’arrivez pas à trouver de position pour vous en débarrasser.

    Pfirmann (Classification de)
    Radiologue Suisse a décrit une classification IRM pour l’Hydratation des disques. Magnetic resonance classification of lumbar intervertebral disc degeneration. Pfirrmann CS, Metzorf A, Zanetti M, Hodler J, Boos N. « Magnetic resonance classification of lumbar intervertebral disc degeneration. » Spine. 2001 Sep 1;26(17):1873-8
    Pneumorachis
    C’est la présence d’air au niveau du canal rachidien. Au niveau lombaire il peut être responsable de radiculalgies paroxystiques. Le TDM permet de faire le diagnostic.
    Protrusion discale
    C’est une constatation radiologique (TDM-IRM) qui décrit un bombement symétrique du disque intervertébral. (Anglais : Bulging disk) Versus un bombement asymétrique qui serait la hernie discale.
    Pygalgie
    Douleur fessière soit unilatérale, soit bilatérale, soit à bascule. La pygalgie, ou fessalgie, encore dénommée sciatalgie tronquée, est une douleur en pleine fesse irradiant parfois en dessous du pli fessier.
    Rachis
    La colonne vertébrale (ou rachis) est constituée de vertèbres au milieu desquelles passe le canal rachidien.
    Recessus
    Ou recessus latéral est la partie du canal latéral qui fait suite au défilé disco-articulaire de De Sèze. Il présente la forme d’une gouttière concave en dedans, étendu tout le long de la face médiale du pédicule qui présente une obliquité en bas et latéralement. Le recessus latéral possède une face antérieure, constituée par la face postérieure du corps vertébral recouvert du ligament longitudinal postérieur et une face postérieure constituée en haut par la face antéro-latérale de l’articulaire supérieure, et en bas par l’isthme vertébral ; ces éléments osseux sont recouverts en avant par le ligament jaune.
    Les racines nerveuses lombaires naissent du cône terminal de la moelle épinière. Elles possèdent tout d’abord un trajet au sein même du sac dural situé dans le canal vertébral, puis elles vont quitter le sac dural en traversant la dure-mère. Lors de cette traversée, les racines vont emmener leurs méninges propres. Le nerf rachidien ainsi entouré de sa gaine radiculaire, après avoir parcouru l’espace disco-articulaire, va se trouver plaqué dans le creux de la gouttière que représente le recessus latéral. Il est alors vulnérable lorsque l’arthrose des articulaires postérieures réduit la taille du recessus.
    La sacco-radiculographie qui opacifie l’espace sous-arachnoïdien, ne permet donc pas d’étudier les racines au-delà de leur segment pédiculaire et ceci permet de comprendre pourquoi cet examen est négatif et inutile dans les sténoses foraminales.
    Les coupes axiales en scanner ou en IRM permettent la visualisation des recessus latéraux.
    Sciatique, sciatalgie
    C’est l’inflammation d’une racine du nerf sciatique, L5 ou S1.
    Spondylolisthésis

    Spondylos = vertèbre, Olisthésis= glissement)

    La spondylolyse est une solution de continuité dans l’isthme vertébral : c’est une fracture de fatigue qui survient chez l’enfant. C’est une affection acquise où les facteurs congénitaux ou dysplasiques ne sont que des facteurs favorisants. Cette fracture sépare la vertèbre en deux parties et, si elle ne consolide pas (pseudarthrose), permet le glissement de la vertèbre en avant emportant tout le rachis sus-jacent : c’est le spondylolisthésis isthmique. Il touche surtout L5, parfois L4, rarement d’autres vertèbres. Dans d’autres cas, c’est l’arthrose qui par son usure des articulaires postérieures autorise le glissement de la vertèbre et de tout le rachis sus-jacent : c’est le spondylolisthésis dégénératif de Junghanns.

    Le spondylolisthésis et la spondylolyse sont souvent asymptomatiques. Ils touchent 7% de la population, en général plus le garçon que la fille. Dans certaines circonstances ces anomalies, par l’instabilité qu’elles créent, peuvent être à l’origine de lombalgies et/ou de sciatalgies.

    • Chez l’enfant : La fracture de fatigue passe le plus souvent inaperçue. Toute lombalgie de l’enfant doit faire rechercher une spondylolyse : examen clinique (douleur lombosacrée), Rx (3/4 : Image du petit chien de Lachapelle) et scintigraphie (hyperfixation). Parfois le scanner (reconstruction) peut aider au diagnostic. Toute lyse fraîche (scinti +) doit être traitée orthopédiquement par corset jusqu’à consolidation. Une lyse ancienne (pseudarthrose : TDM) est traitée symptomatiquement jusqu’à disparition de la douleur spécifique.

    • Chez l’adulte : spondylolisthésis et spondylolyse sont souvent impliqués dans des lombalgies mécaniques. Parfois le nodule fibreux de la pseudarthrose (nodule de Gill) et le glissement irritent la racine (L5 si SPL L5/S1, L4 si SPL L4/L5) avec véritable sciatique.

    Le traitement est le plus souvent symptomatique et conservateur. Si la symptomatologie persiste une chirurgie peut être envisagée : – reconstruction isthmique (réparation de la lyse par greffe osseuse) si le disque L5-S1 ou L4-L5 est bon (IRM), – Ostéosynthèse-arthrodèse du segment concerné si le disque est dégénéré ou si le glissement est important. Une libération simple de la racine n’est pas logique et rarement pratiquée.
    La chirurgie du spondylolisthésis et de la spondylolyse donne de bons résultats et sont compatibles avec un retour à une vie normale y compris sportive. Il faut cependant réserver la chirurgie aux patients présentant des radiculalgies invétérées.

    Sténose du canal lombaire
    Résulte d’une étroitesse constitutionnelle habituellement révélée par la survenue de lésions dégénératives (discopathie, arthrose interapophysaire postérieure, hypertrophie du ligament jaune, lipomatose…) ou d’un canal étroit acquis du fait surtout d’une arthrose interapophysaire postérieure, une discopathie, un spondylolisthésis ou d’une déformation scoliotique. Le syndrome clinique va donc se rencontrer, le plus souvent, chez le sujet âgé de plus de cinquante ans. La sciatique qui en résulte s’installe progressivement et est, en général, chronique. Elle s’accompagne, habituellement, de lombalgies. La sciatique et les lombalgies sont augmentées par la station assise prolongée, la station debout, la marche et sont calmées par le repos. La sciatique peut être strictement monoradiculaire L5 ou S1. Mais, le plus souvent, la symptomatologie est plus ou moins nettement pluriradiculaire par sténose de plusieurs défilés radiculaires ou sténose globale du canal lombaire. La marche est souvent arrêtée par une recrudescence de la douleur radiculaire avec des paresthésies à type de fourmillements ou d’engourdissement, pouvant aller jusqu’à la perte de sensibilité des membres inférieurs ou une diminution de leur force. La disparition de la douleur est lente, pouvant dépasser trente minutes. Ce tableau clinique correspond à « la claudication intermittente neurogène ». Ces manifestations sont améliorées par l’antéflexion du rachis lombaire car elle augmente le diamètre du canal lombaire jusqu’à 20 %. Elles sont aggravées par l’hyperlordose. Les douleurs sont plus marquées en descente qu’à la montée. La douleur est mécanique, soulagée par la position assise ou le décubitus dorsal. Au repos, l’examen neurologique est normal. La recherche d’un signe de Lasègue est négative. Chez le sujet jeune, les tableaux ne présentent pas, en règle générale, de problème majeur car l’unicité est la règle. En revanche, les douleurs sont, notamment à partir d’un certain âge, très fréquentes et elles peuvent relever d’une origine vasculaire, musculaire, orthopédique, rhumatologique ou neurologique. Les véritables difficultés diagnostiques résultent de leur intrication chez un même patient et le risque et/ou la facilité, chez un patient présentant une artériopathie des membres inférieurs, est de rapporter systématiquement la symptomatologie à la pathologie artérielle antérieurement connue. De même, il peut être trop tentant de rattacher la symptomatologie alléguée par le patient à l’existence d’un canal lombaire rétréci chez un patient présentant, à l’IRM, un canal lombaire rétréci.
    Trous de conjugaison ou foramen intervertébraux

    Du latin foramen (« trou »)
    Le foramen intervertébral lombaire est, par définition, la portion du canal rachidien (foramen vertébral) par laquelle sort le nerf rachidien pour quitter la colonne vertébrale (fig. 1).
    Il s’agit d’un orifice comportant deux parties: l’une antéro-supérieure, fixe, constituée de la partie inférieure du pédicule et de la partie postéro-inférieure du corps vertébral; l’autre inférieure, mobile, formée par le massif articulaire postérieur recouvert par le ligament jaune, en arrière, et par la partie postéro-latérale du disque intervertébral en avant. C’est cette deuxième partie articulaire qui subit des modifications dynamiques ou des modifications d’origine dégénérative : protrusion discale, hernie discale, arthrose inter-apophysaire postérieure.

    Il faut souligner l’importance des modifications dynamiques des dimensions du foramen intervertébral. En charge, il existe un bombement discal et le ligament jaune se détend. Ces deux phénomènes entraînent une diminution du diamètre antéro-postérieur de l’espace rétro-discal et une diminution de la hauteur du foramen. La racine peut alors se trouver en conflit avec le pédicule et l’isthme lors de la mise en charge [A].

    En flexion extrême, tous les diamètres du foramen intervertébral sont maximaux ; les pédicules s’éloignent les uns des autres, le bombement discal est minime, retenu par la tension du ligament longitudinal postérieur, la capsule articulaire inter-apophysaire postérieure et le ligament jaune sont plaqués contre les apophyses articulaires postérieures. L’augmentation de taille est de 24 % [B].

    En extension, tous les diamètres diminuent d’environ 20 %. Ainsi, une diminution de la hauteur de l’espace intervertébral aura pour conséquence un rétrécissement plus important de la partie supérieure du foramen en extension, facilitant l’apparition d’un conflit radiculaire (fig. 2).

    Ainsi, le passage des éléments nerveux dans la partie haute osseuse du foramen assure une certaine protection de la racine vis-à-vis d’une protrusion discale, d’une arthrose inter-apophysaire postérieure ou de l’ascension de l’articulaire inférieure lors des mouvements d’extension (tant que la hauteur de l’espace intervertébral demeure satisfaisante).
    De nombreux éléments entrent en rapport les uns avec les autres au niveau du foramen intervertébral : racines nerveuses et ganglion spinal, graisse de comblement, veines foraminales, artériole radiculaire, lymphatiques, nerf méningé (nerf sinu-vertébral) et ligaments foraminaux. La racine antérieure motrice s’unit aux racines postérieures sensitives juste après la naissance du ganglion spinal pour former le nerf rachidien mixte. Les veines des foramens sont de systématisation difficile. Elles permettent des connexions entre les plexus veineux vertébraux internes et les plexus veineux vertébraux externes. Les veines foraminales sont cependant individualisables à la partie haute du foramen en arrière et en avant au-dessus du ganglion spinal, ainsi qu’à la partie. L’artère radiculaire donne classiquement deux branches qui cheminent, l’une sur la face antérieure de la racine antérieure et l’autre sur la face postérieure de la racine postérieure.
    La graisse de comblement foraminal joue un rôle fonctionnel particulièrement important, de manière similaire à la graisse orbitaire. De petits ligaments inconstants, d’épaisseur variable et plus ou moins adhérents au paquet radiculaire, sont parfois visibles à la partie basse du foramen. Ces ligaments foraminaux lombaires prennent leur origine à la partie postéro-latérale du disque intervertébral et rejoignent la partie antérieure de l’articulaire supérieure et le ligament jaune en arrière.
    Cette région est restée longtemps peu accessible aux explorations radiologiques et à la chirurgie décompressive, Mac Nab l’a ainsi intitulée «zone cachée », cachée par les éléments de l’arc postérieur (isthme, lame, massif articulaire). Le TDM et surtout L’IRM ont permis d’appréhender la pathologie qui s’y rapporte [C] (fig. 3 et 4).

    [A] Vital JM, Lavignolle B, Grenier N, Rouais F, Malgat R, Senegas J. Anatomy of the lumbar radicular canal. Anat Clin 1983;5:141-151.

    [B] Panjabi MM, Takata K, Goel VK. Kinematics of lumbar intervertebral foramen. Spine 1983;8:348-357.

    [C] Vital JM, Gille O, Pointillart V, Pedram M, Bacon P, Schaelderlé C, Soderlund C Anatomy of the normal congenitally narrow, and degeneratively narrow lumbar canal. Cahiers d’enseignement de le SOFCOT : 2003 ; 83:1-18.